jeudi 4 février 2010

Anne de Boissy et Charles Juliet : un couple infernal

Sur mon bureau au théâtre, beaucoup de livres ouverts que je lis par intermittence :
• Vincent Van Gogh, Lettres à son frère Théo
• Albert Cohen, Le livre de ma mère
• Laurent Seksik, Les derniers jours de Stefan Zweig
• Henri Pena – Ruiz, Un poète en politique. Les combats de Victor Hugo.
• Charles Baudelaire, Cent poèmes de Baudelaire
• Alfred de Musset, Les Caprices de Marianne
• René Char, Lettera amorosa
• Alphonse Daudet, Tartarin de Tarascon

Tous à leur manière tentent d'appréhender le réel, comme s'il fallait absolument dépasser le réel pour découvrir "l'inconnu". Car seul l'inconnu "vaut la peine". Dans beaucoup de cas c'est la mort qui pour eux définit le mieux cet inconnu. Mais étrangement, le chemin jusque là est définitivement poétique. Esthétique pourrions nous dire. Et cette esthétique est la définition même de l'art de chacun. J'adore avoir à ma portée tous ces visionnaires qui toujours créent du désir, du vertige, une certaine fascination. Sans l'art nous ne sommes rien. Rien d'autre que "d'ordinaires consommateurs". L'art nous donne la mesure de notre (nos) responsabilités. S'élever. Elever notre esprit. Ne pas le réduire à la facilité de ce que nous sommes. Mon Dieu, que de progrès avons nous à faire, ai-je à faire ?... En rentrant chez moi dans la soirée, d'autres livres m'attendent. En particulier une magnifique biographie de Rimbaud.

Ce matin, réunion d'équipe. La prochaine saison est définitivement définie et calée. Elle est particulièrement et artistiquement impressionnante. D'autre part dans sa forme elle est assez radicale. Changement de cap pourrions nous prétendre. Mais de tout cela j'aurais le temps de reparler plus tard. Nous ne sommes qu'à la moitié de la saison en cours. Tant de rendez-vous nous attendent encore d'ici le mois de juin.

Hier au soir, vu AVATAR en douce compagnie. Adoré ce film. Incroyable génie que ce James Cameron. Ce système 3D si impressionnant. Et puis, contrairement à ce que j'entends ici et là, le fond est égal à la forme. Du grand Art. Du jamais vu.
J'ai ouvert avec notre conseil juridique le chantier des heures supplémentaires. D'abord, d'un point de vue technique. Et dans quelques semaines, nous l'aborderons concrètement avec les salariés. Vaste chantier auquel je tiens beaucoup. Là encore, nous y reviendrons.

Fou, vertigineux même le nombre de propositions de spectacles que nous recevons. Est-ce bon signe ? Sûrement pas car tant de propositions ne semblent pas "venir de l'intérieur". Nous essayons de répondre à presque tous dans la mesure du possible. Ils est urgent que nos maisons se reconcentrent sur "l'essentiel". On en reparle ou plutôt on le fait.

Vu Lambeaux de Charles Juliet dans la petite salle de La Croix-Rousse. Je connais bien Charles Juliet à qui j'avais commandé une pièce il y a quelques années, et que finalement je ne "sentais" pas de mettre en scène. C'est Planchon qui s'y colla et le résultat global fut assez décevant. Depuis je n'ai pas revu Charles Juliet. Or c'est un homme pour qui j'ai beaucoup d'estime. Il m'est arrivé d'avoir de longues conversations avec lui. Son rapport au silence et à l'écriture est fascinant. Son rapport à l'enfance aussi. Terrible même. Lambeaux est le portrait de sa mère. Son écriture classique détaille scrupuleusement la réalité de sa vie et son effondrement intérieur. Pas de lyrisme, ni d'envolée. Une sorte de carnet de route vers la folie ; l'abandon. Anne de Boissy donne vie à ces paroles avec soin et élégance. Le déchirement vient peu à peu, pas à pas, mot après mot. Jusqu'à la rage finale. Lambeaux est un moment de théâtre d'une pureté infinie, et chaque soir devant des salles pleines, le public est bouleversé.

Ce matin le soleil est là donc tout est possible !

« Celui (...) qui comprend sans effort, le langage des fleurs et des choses muettes.»
Charles Baudelaire

Philippe Faure

Aucun commentaire: