jeudi 11 février 2010

Une journée ordinaire au Théâtre de la Croix-Rousse

10h30 Réunion de toute l'équipe. Tous les sujets sont abordés, relatifs à la vie du théâtre. J'annonce en particulier que l'une de mes collaboratrices va prendre trois mois de disponibilité pour raison personnelle. Bien sûr le point est fait sur les différents rendez-vous marquants : brunch avec Romane Bohringer, conférence de presse avec Pippo Delbono. Presque tous les spectacles d'ici la fin de saison sont quasi-complets.

Midi
Déjeuner de travail

14h à 17h
-    Dans la grande salle : lecture avec tous les comédiens de Badine de la prochaine pièce que je mettrai en scène la saison prochaine (ils m'ont fait ce plaisir de lire pour le fun).
-    Dans la salle de réunion: rendez-vous entre les relations publiques et le consul de Madagascar pour préparer la venue des Cauchemars du gecko créé cet été en Avignon. Spectacle décapant.
-    Dans les loges : un groupe d'étudiants de théâtre découvre l'univers des costumes. Nadine Chabannier, notre costumière, a préparé la rencontre avec beaucoup de soin et de détails. Elle explique en compagnie d'Alain Batifoulier, le décorateur, comment l'univers esthétique d'un spectacle se rêve puis se réalise.
-    Dans le studio : les techniciens préparent l'accueil d'un prochain spectacle.
-    Deux personnes de l'équipe (dont la responsable de la communication) partent à Paris découvrir un spectacle que nous allons accueillir.
-    Evidemment la billetterie est en plein travail. Les représentations de Badine affichent complet (nous vendons les marches).
-    L'équipe administrative est surchargée de travail (outre les 150 à 200 fiches de paye chaque mois) il faut préparer la clôture des comptes et organiser un comité de suivi pour la semaine prochaine (Ville, Etat, Région, Conseil Général) fondamental pour l'avenir du Théâtre.
-    Le travail pour vendre notre prochaine création en tournée commence.
-    Le téléphone sonne un peu partout.

19h
Les comédiens de Badine arrivent.

Représentation à 20h. C'est au fond assez impressionnant et assez grisant de sentir ainsi une maison au travail. Chacun est concentré sur sa tâche et en même temps le dialogue est permanent. De furtives réunions s'improvisent entre deux portes. Des décisions qui trainaient jusque là soudain se prennent instantanément. Tout semble virtuel et pourtant rien n'est plus concret. Des classeurs entiers sont à signer mais cela n'empêche pas d'évoquer Jean Louis Trintignant ou Stephan Zweig. Se construit ainsi chaque jour, avec soin et force, énergie et imagination, le rassemblement de tant de gens et de désirs. Depardieu dans une interview géniale disait : « Je suis l'homme des gens ! » La formule est magnifique et je la fais mienne.

Dans l'après-midi, dialogue au téléphone avec Jean Jacques Queyranne, Président du conseil régional de Rhône Alpes (un vrai ami), avec Romane Bohringer (qu'elle est tendre). Je reçois un magnifique texto de Guillaume Gallienne dont tout le monde parle aujourd'hui et qui cartonne à Paris à l'Athénée avec son spectacle que nous avons accueilli il y a quelques semaines. Il me remercie entre autre pour dit-il ma "fabuleuse équipe". Beaucoup de mails aussi.

Ici est une maison amie, chacun peut y dialoguer avec tous mes collaborateurs de manière libre et confiante. Chacun ici est disponible à tout moment. Nous travaillons pour l'avenir de nos consciences, rêvant, imaginant, désirant, créant, surtout construisant. J'ai le sentiment que nous sommes une équipe de bâtisseurs. Nos constructions sont fragiles, éphémères, mais pourtant elles prennent corps. Comme j'aime ce mot, le corps. Je l'ai employé sous toutes les coutures (si j'ose dire), dans tous mes écrits (et dans tous mes actes?).

Cette phrase de Musset : « Comment me laisse-t-on ici si longtemps ? J'ai besoin de voir une femme, j'ai besoin d'un joli pied et d'une taille fine : j'ai besoin d'aimer. »
J'ai besoin à mon tour que la vie soit un corps à étreindre, ou plutôt j'ai besoin du corps de la vie.

22h Fin de la représentation de Badine. Triomphe osons le dire. Je n'ai pas regardé le spectacle ce soir mais pas mal téléphoné. En particulier les communications personnelles impossibles à passer dans la journée.

Retour chez moi vers 23 heures. Mille choses dans la tête qui se mélangent. Tant de désirs ! Aurai-je le temps de tout faire ?

Demain, journée au vu de l'agenda très chargée. Ca promet ! Aujourd'hui n'était qu'une journée ordinaire.

Philippe Faure


PS : Coup de fil de Christophe (Aline, Les marionnettes, Les mots bleus) qui souhaite revenir chanter chez nous la saison prochaine. C'est pas beau la vie ?

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