mercredi 22 octobre 2008

Andersen et Zola selon Marc Voisin


Andersen et Zola. Quel jeu de correspondances, peut-on trouver chez ces deux auteurs à priori très éloignés ? Que nous révèlent-ils ?
Zola sonde l’être humain « comme un scientifique », disait-il. Il fouille ses entrailles à la façon d’un entomologiste pour y trouver la part animale, qui nous entraîne irrémédiablement, y compris dans les zones les plus sombres. Il traque la bête dans le ventre chaud.
C’est un voyage intérieur. Nous sommes au plus près de l’intime. Un voyage mental qui nous entraîne dans un univers carcéral. C’est en partant des replis de notre chair que Zola raconte notre monde.
Andersen prend un chemin, pour ainsi dire, inverse. Chez Andersen, c’est le monde, le vaste monde dans son intégralité qui prend la parole. Le vent, la poussière dont on fait les étoiles, les fleurs, les insectes ; jusqu’aux objets les plus anodins. Une grande galerie de petites choses muettes, fragiles ou ignorées qui se racontent, prennent corps, vie et sens. Une féerie, sombre souvent, qui nous ouvre les yeux, qui réinvente notre perception du monde et l’élargit. Les choses les plus communes ont une grâce de nouveauté pour qui sait les voir, comme disait l’autre. Pour qui veut bien prêter attention à Andersen, ce sont alors les petites choses de ce vaste monde qui nous révèlent à nous-mêmes.
Un trajet inverse donc entre ces deux poètes. Deux espaces fictifs différents. Deux gauchissements de la réalité. Mais, et c’est là, me semble-t-il, que se joue les correspondances. Un souci commun chez ces deux hommes si fébrilement en prise avec leur monde, grands observateurs et grands sensibles, de sonder l’état de l’être humain plongé dans son monde, sa présence aux autres (non-présence souvent), sa solitude, la misère qu’elle génère. Et partout à l’œuvre en filigrane, le manque et la quête d’amour.
Marc Voisin, interprète de Laurent dans Thérèse Raquin et du hussard et de l'ange dans La Petite Fille aux allumettes.

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