mardi 14 octobre 2008

De l’utilité de ne pas être mort


Un accident de santé a failli avoir raison de ma vie. La mort m’a frôlé. Je suis donc par la force des choses, un autre. Un survivant. Et de cette vie nouvelle, deux évidences surgissent.
D’abord il me faut absolument être utile, de là où je suis : responsable d’une institution théâtrale. Toute idée égoïste m’est insupportable. Je me dois d’être au service des autres plus que jamais. Le théâtre est l’art de donner une âme à toute idée qui s’occupe d’humanité et ces idées sont portées par les poètes. Alors oui, je suis utile à donner à entendre la parole des poètes et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que les poètes ne soient pas sacrifiés à la réalité de la crise.
La seconde évidence, c’est que seul l’amour nous donne la dignité d’être vivant. Je veux ignorer (dans ce monde en plein désarroi), les ricanements, les indifférences, les petits arrangements avec eux-mêmes de ceux pour qui l’amour n’est pas notre seule vraie responsabilité.
Quand on a failli être mort, on se demande à quoi l’on a servi sur terre. Et bien moi, je veux servir les poètes et l’amour. Fébrile de la vie qui m’a retenu, j’ose dire : ayons l’audace d’être utile et ne laissons pas la mesquinerie, l’orgueil, l’insatisfaction, la lâcheté, la vanité, le narcissisme nous détourner de notre devoir : Aimer être utile. Il est utile d’aimer.

Toute la saison de La Croix-Rousse/Scène nationale de Lyon (et tout le reste) est dédiée à Laurence Guedj qui fut la douceur et la force incarnée et qui envers et contre la maladie porta haut l’esprit de notre théâtre. Nous sommes avec elle.
Philippe Faure

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Oui, Philippe, Laurence était la douceur et la force de ce théâtre.
Il y a beaucoup de monde pour parler de fraternité, elle était celle qui la pratiquait.

Laurence était une pratiquante.

J'espère que l'équipe est prête à prendre le relais.
Courage donc à nous tous, Laurence nous a laissé la barre très haute.

Soyons des pratiquants.

Laurence, je te dois personnellement beaucoup de douceur, de tendresse et de respect. Je pense à toi, mon coeur pleure.

Paul

Anonyme a dit…

La mort s'est invitée chez nous, emportant mon fils aîné dans la pratique de sa passion. Depuis mon coeur saigne.
Je vais aller voir "la petite marchande d'allumettes" avec ma jeune nièce.
Merci à vous les gens de spectacle de nous permettre de nous évader de notre quotidien et courage à nous tous puisque ce blog démarre dans la peine.

Anonyme a dit…

Très ému par cette nouvelle dédicace.
Amitiés à Philippe et à toute son équipe.
Je vous embrasse
FG