Ce lundi soir au Transbordeur, meeting de soutien à Jean Jacques Queyranne avant le premier tour des élections régionales. Un monde fou.
D'abord, discours de Gérard Collomb. Discours opiniâtre sur la nécessité pour les villes, et en particulier pour Lyon de travailler avec la Région. Sans la Région, aucune grande politique d'investissement n'est possible (université, transports, recherche, Culture…). Ensuite, et à la fin, discours de Jean Jacques Queyranne. L'homme est fin, subtil, avec une vraie hauteur de vue. Il était particulièrement détendu. C'est un président au-delà de tout soupçon.
L'un et l'autre sont mes amis. J'ai toujours pu compter sur leur fidélité en toutes circonstances. Je les ai toujours soutenus. Jamais nous ne nous sommes manqués, encore moins trahis. J'étais là lors de la première élection de Jean Jacques Queyranne à la Région Rhône-Alpes (et nous étions très peu d'artistes cette fois-là) et évidemment j'étais là lors des deux élections de Gérard Collomb à la Mairie de Lyon. Aujourd'hui je suis là pour la seconde élection de Jean Jacques Queyranne à la tête de la Région Rhône-Alpes.
Entre les deux interventions, Ariane Mnouchkine est apparue. C'est fou ce poids d'humanité qu'elle porte en elle (sur elle). Depuis trente ans que je fais du théâtre, j'ai l'impression qu'elle n'a pas changé. Elle est une sorte de présence lourde de conséquences. Avec elle, il n'y a pas de triche possible, pas d'arrangement possible. Le seul possible pour elle c'est d'être au service des autres. J'ai retenu une belle idée dans son intervention : l'idée que "l'imagination n'est pas une évasion, mais au contraire le meilleur moyen de comprendre l'humanité".
Enfin, et là j'avoue que l'émotion m'a submergée, est apparu sur scène Robert Badinter. Comment dire ? L'homme (plus de 80 ans) a une silhouette incroyablement jeune. Un visage lisse, peu de rides apparentes. Mais surtout, ce qu'il a, c'est ce sourire un peu de biais, quasi carnassier, au charme inouï ; sourire qui s'accompagne systématiquement d'une sorte de clignement d'œil. Cela crée aussitôt une complicité qui se mélange à une certaine gravité. Chaque mot prononcé semble définitif. Evidemment au cours de son intervention j'ai retrouvé les accents de son discours à l'Assemblée Nationale lorsqu'il a défendu l'abolition de la peine de mort. De quoi a-t'il parlé Robert Badinter hier au Transbordeur? D'égalité. De fraternité (mot magique apparu pendant la Révolution a-t il précisé). D'exigence morale. De dignité humaine. De laïcité… Et tout cela sur le ton presque de la confidence, avec quelques fois des accents de tribun. L'homme nous inonde de sa hauteur d'esprit. Soudain je me suis senti ridiculement petit et en même temps il nous insuffle un souffle nouveau. On se sentirait presque héroïque. Il y a très longtemps que je n'avais pas ressenti une émotion pareille. Je crois que nous étions tous fiers d'être là et émus jusqu'aux larmes. Inoubliable que cette rencontre avec Robert Badinter. Et puis enfin, abolir la peine de mort cela reste une des grandes dates de notre histoire du XXème siècle.
La soirée était présentée par Nadjet Belkacem. Magnifique dans un jean pour le moins moulant et donc particulièrement sensuelle, petit corsage blanc et petite veste serrée noire. Très belle Nadjet Belkacem. Il y eut beaucoup d'autres choses dans cette soirée. Mais il m'a semblé qu'en tous cas, hier au soir, la politique "était à son meilleur", qu'il y avait là une vraie vision du monde à travers la Région, que toutes ces personnalités dégageaient une véritable honnêteté intellectuelle. C'était beau.
Aujourd'hui, brunch avec notre chère Romane Bohringer. Ce soir, première du spectacle de Labiche mis en scène par Pierre Pradinas. Cela s'annonce sous les meilleurs auspices.
Il n'empêche, marre du froid ! Mais quand on voit ce qui s'est passé ces derniers jours au Niger où des femmes et des enfants furent lâchement massacrés, on se dit que le froid n'est rien. Peut-être même est-il beaucoup puisque par voie de conséquence il peut nous donner envie de se blottir les uns contre les autres. Toujours ce "blottissement" dont j'ai si souvent parlé dans ce blog et qui décidément serait presque le sens de ma vie.
Philippe Faure
PS : dirigeant un théâtre de service public, peut-être certains penseront-ils que je devrais m'abstenir à un devoir de réserve. Mais comme l'a dit Robert Badinter hier au soir pour expliquer sa présence à Lyon, il y a parfois des situations où l'amitié, la fidélité et une certaine idée du vivre ensemble (vérifiées sur le terrain) font que l'engagement est une évidence. Un devoir.
mardi 9 mars 2010
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1 commentaire:
ça va tellement mieux en le lisant
décidément, le peuple a trouvé sa maison
salut vieux frère
g
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