lundi 1 décembre 2008

1er – 31 décembre : Alternance La Petite Fille aux allumettes / Thérèse Raquin avec du 23 au 31 décembre "La Semaine des vêtements chauds"


Fin de la première série de représentations de Thérèse Raquin.
Le public a été assez estomaqué de redécouvrir cette terrible histoire de corps foudroyés. Zola demeure un auteur en même temps populaire et fascinant. Il est véritablement le coeur de la littérature française. Chaque soir, la salle était pleine. Jusqu’ici la presse a salué le travail des acteurs, la scénographie, le travail d’adaptation. En un mot, la presse a aimé le spectacle. Nouvelle série de représentations à partir du 9 décembre.

Aujourd’hui, nouvelles répétitions de La Petite Fille aux allumettes pour une reprise à partir de demain 2 décembre. Décidemment, cette Petite Fille aux allumettes m’a demandé un travail insensé. Créer un univers onirique et en même temps rester au plus près du minimalisme du conte est un équilibre périlleux. Depuis le début des représentations, c’est un spectacle qui m’est très cher. Peut-être parce qu’il est au cœur de l’actualité sociale aujourd’hui et peut-être aussi parce que c’est la première fois que je "rêve" un tel spectacle ; les enfants et les adultes doivent s’y retrouver, en une même émotion.

Aujourd’hui 1er décembre : ouverture des Restos du Cœur. Je lis dans la presse cette phrase d’un commentateur : «Ça coûte plus cher d’être pauvre que d’être riche.»

Nous avons décidé d’être présents sur le front de la détresse sociale. Concrètement.
Du 23 au 31 décembre, sous la formulation générique de "La Semaine des vêtements chauds",nous allons proposer deux événements aux buts extrêmement précis :

-Le 30 décembre à 15h : représentation exceptionnelle de La Petite Fille aux allumettes. La Croix-Rousse/Scène nationale de Lyon invite les spectateurs, et les spectateurs font un don de l’équivalent de leur place(ou plus) aux Restos du Cœur. Voilà une action concrète.

-Ensuite, du 23 au 31 décembre, nous allons proposer, avec les comédiens de La Petite Fille aux allumettes, une heure avant chaque représentation, une petite forme que j’ai écrite avec Emmanuel Robin : Petits portraits de sans abri. Cette intervention théâtrale aura lieu dans le hall du théâtre où seront disposées toutes les caisses en bois servant à transporter les costumes de nos spectacles en tournée. Nous appellerons, à l’occasion de cette petite forme, à la générosité des spectateurs, pour qu’ils apportent avec eux des vêtements chauds (anoraks, couvertures, gants, bonnets, pantalons, pulls over, etc.). Nous remplirons ainsi les caisses et nous redistribuerons ces vêtements aux associations.
Chacun donne un vêtement chaud !

Ainsi, La Petite Fille aux allumettes d’Andersen rejoindra-t-elle la réalité d’aujourd’hui, et le théâtre, à sa manière, participera-t-il à la solidarité nationale.

Depuis la création de ce blog, il m’est souvent arrivé de faire allusion au rôle militant que devait avoir un théâtre. Cette "Semaine des vêtements chauds" est un premier acte. De plus en plus, nous inventerons de nouvelles façons d’être présents, actifs et réactifs envers les plus démunis (même si depuis la création de ce théâtre ce fut toujours notre obsession).

Quand on sait qu’il y a des gens qui dorment dans des abris de plastique ou de carton et qui, à chaque minute de la nuit, risquent de mourir de froid, on est en droit de se poser cette énervante question : A quoi sert le théâtre ? Et en poussant le raisonnement dans ses retranchements, on pourrait même dire : « A-t-on le droit de faire du théâtre quand à côté de soi des gens dorment dehors ? » Au fond, il me semble que c’est tout l’enjeu de La Petite Fille aux allumettes : raconter la mort, en même temps qu’on raconte le rêve. C’est tout le génie d’Andersen.

A part ça, le temps est à la neige !

Philippe Faure

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