Ce matin, 18 février, comité de suivi au Théâtre de la Croix-Rousse. Le Ministère de la Culture, la Ville de Lyon, la Région Rhône Alpes, le Conseil Général du Rhône et leurs représentants éminents sont réunis pour définir la nouvelle convention qui nous liera à chacune de ces collectivités, convention qui sera signée dans le courant du mois de mai. Plutôt que de la redéfinir j'ai souhaité que cette convention soit l'objet d'une vraie refondation quant à notre mission. Je ne veux pas ici entrer dans les détails car chacun devra avoir la surprise de notre avenir en découvrant notre prochaine saison.
Beaucoup de choses vont changer tant dans la forme que dans le fond. La dénomination même de notre théâtre paraitra sans doute quelque peu révolutionnaire en ces temps où la politique a tendance à se perdre dans les détails et va rarement à l'essentiel. J'ai souhaité que notre maison s'inscrive, oserais-je dire, dans "l'urgence sociale" tout en proposant évidemment l'excellence artistique. Je dois dire que chacune des collectivités a accepté mon projet avec enthousiasme. Une certaine complicité, voire même une certaine tendresse, a régné sur ce comité de suivi. Cela tendrait à prouver que lorsque chacun est de bonne volonté et écoute l'autre, une vraie confiance peut s'instaurer, des idées être émises, des engagements pris et enfin un vrai projet de service public défini.
J'ai offert à chacun des participants le Discours de Suède prononcé par Albert Camus lors de sa remise du prix Nobel à Stockholm (éditions Folio). J'ai aussi beaucoup évoqué l'œuvre de Louis Guilloux, magnifique écrivain français trop méconnu qui n'a cessé d'écrire l'histoire du peuple. Bien sûr, j'ai, à de nombreuses reprises, fait allusion à l'œuvre de Victor Hugo que je ne cesse d'entreprendre ces temps-ci.
D'ailleurs, à propos d'auteurs, depuis quelques temps je suis saisi d'une sorte de boulimie de lecture, comme si soudain j'étais affolé par mon ignorance. Peut-être est-ce la froidure de l'hiver, mais mon esprit a constamment besoin d'être réchauffé par toutes ces utopies. Par exemple deux livres que je viens de lire coup sur coup : Les derniers jours de Stefan Zweig de Laurent Seksik, et Un très grand amour de Franz-Olivier Giesbert. Deux livres chacun bouleversants dans leur genre.
Diriger un théâtre, l'animer, ne s'arrête pas évidemment à un certain talent d'organisateur car avant toute chose il convient de rêver l'aventure que l'on mène. Cette phrase de Camus : « Pour parler de tous et à tous, il faut parler de ce que tous connaissent et de la réalité qui nous est commune. La mer, les pluies, le besoin, le désir, la lutte contre la mort, voilà ce qui nous réunit tous (…) la réalité du monde est notre commune patrie. » Cette phrase encore de Camus qui ne cesse de me fasciner : « le secret de la vie coïncide avec celui de l'art. »
Enfin, il y a dans le fait de mener une aventure comme celle de La Croix-Rousse un infini besoin d'amour. En donner, parfois en recevoir, mais surtout en donner. Je suis obsédé par l'idée que toute vie n'a de sens que si elle est tournée vers les autres, que si nous faisons don de nous mêmes. Cette phrase encore de Camus : « Les artistes ne méprisent rien, ils s'obligent à comprendre au lieu de juger. » Comprendre, voilà bien le sens de notre travail, de notre engagement.
Le temps s'est radouci. Il fait doux. Les corps se décrispent. Bientôt l'éveil du printemps. Bientôt la très belle Romane Bohringer. Bientôt le 31 mai, où nous lancerons cette nouvelle étape de notre travail en lançant notre nouvelle saison.
Toujours la joie d'être vivant et la joie d'avoir le désir d'aimer. Toujours s'émerveiller.
Philippe Faure
jeudi 18 février 2010
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