Ce matin, le 19 février, très longue conversation avec René Gonzalez qui dirige le Théâtre Vidy de Lausanne, l'une des toutes premières maisons de théâtre en Europe, si ce n'est la première. Il y eut ce matin, dans notre dialogue, une sorte d'effervescence intellectuelle en même temps de fous rires et de légèreté et à la fin de la gravité. Je lui ai exposé mon projet dont j'ai parlé hier dans ce blog pour les prochaines années du Théâtre de la Croix-Rousse. Projet éminemment politique et, autant le dire, René Gonzalez y a adhéré avec une joie quasi enfantine. Il coproduira et accueillera pour une longue série ma prochaine création fin 2011, directement reliée à la nouvelle aventure de La Croix-Rousse.
René Gonzalez est une sorte de roc physiquement. La maladie l'a traitreusement assailli il y a maintenant presque 2 ans. Elle a failli même avoir raison de son énergie vitale. Mais le gaillard a ressuscité comme s'il lui était impossible d'admettre que le temps s'arrête. Derrière cette force de la nature, il y a chez lui une gourmandise de la vie, une approche quasi évanescente des sentiments. Il est, me dit-il, furieusement amoureux et furieusement aimé. Bien sûr, notre dialogue s'apparente souvent à des "mises à nu". Nous n'avons pas peur, ni l'un, ni l'autre de nous avouer nos échecs, nos défaites, nos drames intérieurs. Mieux que personne, il sait combien ces deux dernières années m'ont épuisé et désolé. Et aujourd'hui nous plaisantons de cette effervescence intellectuelle qui s'est emparée de moi.
Il est une sorte de conscience, il a accompagné les plus grands metteurs en scène de la scène européenne, Matthias Langhoff, Luc Bondy… Ce que j'admire le plus chez lui, c'est cette soif de découverte. Il fait tellement confiance à la jeunesse ! Et souvent, avec elle, il prend tous les risques.
Ce qu'il m'a appris, c'est de ne jamais être un homme du passé, d'être dans le présent et toujours d'être un homme d'avenir. Il est à Vidy adoré par son équipe qui ne cesse de lui manifester sa reconnaissance. Il n'y a jamais chez lui de mépris pour rien ou pour personne. Souvent, il me répète : « Ne perds pas de temps avec ceux qui te veulent du mal. Ne t'occupe que de ceux qui te veulent du bien. »
Je vis avec lui une sorte d'histoire d'amour toujours recommencée, ce qui n'empêche pas parfois, comme dans toutes les histoires d'amour, que nous ayons de vives colères l'un envers l'autre. Aujourd'hui nous vivons "un bonheur sans nuages", comme pourrait dire certains couples hétérosexuels.
Je lui dois beaucoup, j'allais dire presque tout. Il me rappelle constamment que l'intelligence et l'intuition sont les deux conditions pour être un homme honorable. Il ajoute qu'il ne faut jamais calculer ni son amour ni son admiration, il faut plonger. René Gonzalez est un plongeur hors pair, c'est sûr que s'il allait aux jeux olympiques, il serait médaille d'or. Mais, à ce que je sache, René Gonzalez n'est absolument pas sportif.
Philippe Faure
vendredi 19 février 2010
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