lundi 13 octobre 2008
Monter La Petite Fille aux allumettes aujourd'hui
Le mot de récession est lâché depuis ce matin sur les ondes, à la télévision et dans la presse.
C’est donc que nous allons aborder (quand je dis nous, c’est le pays et le monde entier) une période extraordinairement dure économiquement et où le nombre des exclus va gonfler au fur et à mesure.
Evidemment, les plus pauvres vont rester encore plus pauvres, les plus fragiles vont devenir à leur tour pauvres, et les classes moyennes vont considérablement réduire leur train de vie pour aller uniquement à l’essentiel et ne pas risquer elles-mêmes de glisser vers la pauvreté.
Aussi, je me suis dit ce matin que créer La Petite Fille aux allumettes n’est plus du tout un acte innocent. Cette création, me semble-t-il, nous investit d’une responsabilité tout à fait nouvelle. Car au fond, grâce à Andersen, ce court spectacle va résumer la situation du monde. Les pauvres auront beau tendre la main, ceux qui ne sont pas encore pauvres n’auront ni le temps, ni le désir de prendre cette main. Ils passeront leur chemin en priant de ne pas être touchés eux-mêmes par la crise. Et puis, peut-être, au delà de ce constat, cette histoire pose la question de la parole des poètes. A quoi sert-elle en des temps troublés et dramatiques ? Bien sûr, à s’échapper de la réalité, mais aussi sans doute à rêver à un monde meilleur et plus juste. Un monde où les crapauds, les bonshommes de neige, les vents, les lampadaires, auraient le pouvoir de transformer la vie.
Philippe Faure
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