lundi 17 novembre 2008

Confidences

Je réalise que sur un blog, si on le considère véritablement comme un journal intime, tout doit être dit et donc les sujets et les humeurs ne peuvent que se mélanger dans une sorte de curieux désordre.

Allons-y pour les confidences :
Ce vendredi 14 novembre, comité de suivi du Théâtre de la Croix-Rousse réunissant la Ville de Lyon, la Région Rhône-Alpes, le Conseil général du Rhône et la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Rhône-Alpes. Il s’agit dans ces comités de suivi de faire le point extrêmement précisément sur la situation budgétaire, artistique, sur la fréquentation, et de tracer les perspectives d’avenir de la maison. C’est donc un exposé d’un peu plus d’une heure qui m’est proposé et qui évidemment demande un énorme travail en amont.
Ensuite, chaque collectivité territoriale prend la parole, dit ce qu’elle a à dire et porte un jugement particulier et global sur la manière dont est dirigée cette maison.
Je dois dire, à la vérité, que j’ai rarement ressenti, depuis que je dirige cette maison, un tel engagement de la part de chacun. Il y avait quelque chose d’assez bouleversant d’entendre les uns et les autres être à ce point conscients de la place qu’occupe le Théâtre de la Croix-Rousse en Rhône-Alpes et en France. Il fut question d’exemplarité, de directions innovantes, de rigueur intellectuelle, d’aventures irremplaçables. Par les temps qui courent, un tel engagement derrière une mission de service public est tout à fait exceptionnel. Je m’en réjouis bien évidemment et je me dis que ces très longues journées passées, chaque jour au théâtre, ne sont pas vaines, mais qu’au contraire, elles prouvent plus que jamais que les artistes, les politiques et les administratifs doivent être ensemble pour inventer l’avenir. Merci donc à Abraham Bengio, Catherine Cremet, Georges Képénékian, Bertrand Prade, Jean-Luc Legay, Bertrand Munin et Alain Lombard pour leur confiance, leur engagement et leur affection.

Autre humeur :
Mon Dieu, quelle tristesse que ce week-end de Reims où les éléphants socialistes (je ne dis pas le Parti Socialiste) n’ont pas su faire taire leurs rancoeurs et leurs ambitions !
La politique, bien évidemment, c’est tout le contraire. C’est la volonté ensemble, là encore, de construire l’avenir. Je suis sidéré qu’un parti comme celui-là puisse couver autant de haine. Dans l’exercice de mon métier et dans ma relation aux artistes, aux directeurs de théâtres et aux politiques, je n’ai jamais cédé justement à la confrontation pour un intérêt personnel. J’ai mené le combat toujours pour rassembler les uns et les autres autour d’une mission que je considérais d’intérêt public.
Deux conséquences à cela :
Je crois qu’aucun théâtre en France n’a invité autant de metteurs en scène différents dans leur esthétique, dans leur pensée et dans leur travail. J’ai toujours jugé que mes goûts personnels devaient passer après l’intérêt de montrer à notre public l’état du théâtre aujourd’hui.
Seconde conséquence :
Toutes les alternances politiques qui se sont produites dans la Région n’ont jamais altéré en rien le soutien des collectivités territoriales.
Être directeur de théâtre, c’est avoir une certaine idée de la générosité. J’appelle les éléphants socialistes à être généreux et à savoir vivre ensemble. Je repense à 1981, à Mitterrand, à l’union de la gauche. C’était quand même autre chose. C’était beau comme un avenir en marche. Il faut que les éléphants redeviennent des éléphanteaux. Légers comme des promesses.

Avant-dernière pensée :
Ces jours-ci, j’ai eu affaire avec le mensonge. Quelqu’une que j’aime m’a menti effrontément. Sans rentrer dans le détail, je me dis vraiment que le mensonge est "une fin du monde". C’est le moment où il n’y a plus rien à dire. Comme dirait l’autre, il faut laisser le mensonge à ceux à qui il appartient. Au fond, le mensonge est un acte personnel. Ne venons pas troubler celui ou celle qui ment. Laissons–leur l’entière responsabilité de leur choix. Il y a mieux à faire dans la vie que de se battre contre le mensonge. Par exemple, écouter le dernier album sublime de Christophe !

Enfin, je dois faire, dans les jours qui viennent, une coloscopie suite à mon anémie d’il y a quelques semaines. Examen courant et banal. Mais étrangement, je ne peux m’empêcher de penser à Jacques Weber qui dans sa loge, sur sa table de maquillage, avait environ une centaine de médicaments à sa disposition, comme s’il avait besoin de parer instantanément à toutes les maladies de la terre. Ça me donne envie, tout ça, de remonter Le Malade imaginaire, qui reste pour moi (le personnage et la pièce) mon plus grand bonheur de théâtre. Soudain je pense que ce mot de bonheur, on a rarement l’occasion de le prononcer dans nos métiers.

Philippe Faure

1 commentaire:

Mam Monic a dit…

Oui, je me souviens avec plaisir de "votre" malade imaginaire.