lundi 3 novembre 2008
Ce week-end du 1er novembre : dernières répétitions de Thérèse Raquin avant la création le 21 novembre
Décidemment, ce roman de Zola me stupéfie encore et toujours. Après l’avoir déjà mis en scène il y a plus de 10 ans, je retrouve cette histoire avec la même fascination. D’où vient-elle ?
Elle vient sans doute du fait que le personnage principal de ce roman est le corps. Zola décrit avec une précision incroyable les dérèglements du corps. Certes, on peut parler de passion, on peut parler de haine, de dégoût, de violence, tous ces sentiments qui dérèglent la raison. Mais au-delà, il y a le corps lui-même. J’allais presque dire le corps comme matière humaine, sans matière grise, et ce qui m’a passionné dans ce travail de mise en scène, en fait, c’est avec les comédiens, et en particulier Laurent (Marc Voisin) et Thérèse (Anne Comte), ce travail sur le corps.
Mais bien evidemment, les trois autres comédiens du spectacle : Claire Cathy, Jean-Claude Martin, et Gilles Olen participent aussi de cette sorte de stupéfaction physique. Jean Claude Martin (Camille) exprime sa souffrance avce la maladresse du désespoir. Claire Cathy (Mme Raquin) est foudroyée et exangue.Le regard figé dans l'absolu. Gilles Olen (l'employé de la morgue) décrit le monde des cadavres avec une allégresse effrayante.
Au-delà des mots, investir le corps du comédien dans ce quasi dénuement où soudain il devient disponible à tous les vertiges. Le corps alors se tord, chancelle, frémit, se balance, se voûte, exulte, perd l’équilibre, les corps se cannibalisent l’un l’autre. J’avoue que ces deux comédiens-là ont l’art de libérer leurs corps de toute psychologie. Ils s’abandonnent véritablement aux dérèglements. Cela crée une poésie particulière. Le corps comme livré à lui-même, le corps affolé, le corps qu’on frappe et le corps qui reçoit les coups. Il y a quelque chose qui s’apparente aux sculptures de Rodin, à certaines toiles de Courbet. Le corps dans tous ses états. Et ça fait peur car, au fond, Zola nous dit que notre corps nous est étranger. C’est un autre nous-même que nous ne connaissons pas et qui parfois se révolte contre-nous.
Tous les grands acteurs (Gabin, De Funès, De Niro, Depardieu, Lancaster, Dewaere) s’imposaient d’abord par leur façon de bouger, de ne plus jouer mais de donner à voir leur corps comme la vérité de leur personnage. Alors les mots ne sont plus que des indications anecdotiques. C’est le corps qui dit qui ils sont.
C’est assez excitant après la création de La Petite Fille aux allumettes, où l’imaginaire rend les corps aériens, de revenir à Zola, à la réalité brutale du corps débarrassé de tout imaginaire. J’ai conscience que ce diptyque Andersen-Zola prendra tout son sens le 21 novembre, lorsque nous aurons créé Thérèse Raquin et qu’ensuite nous jouerons les deux spectacles en alternance.
Une dernière réflexion qui n’a rien à voir :
Premièrement, le prix des tours de manège à la Vogue des marrons à la Croix-Rousse est purement scandaleux : entre 3 et 5 € pour chaque tour qui ne dure pas plus de 2 minutes. Mieux vaut ne pas avoir de famille nombreuse, mieux vaut ne pas avoir d’enfant du tout. Et dire que la Vogue est un événement populaire ! Faut dire que les manèges pour la plupart sont tellement sophistiqués. Difficile donc à rentabiliser. Où est le temps où l'on se dressait sur les voitures de pompiers ou les hélicoptères pour rattraper le pompon et gagner un tour supplémentaire ?
Philippe Faure
Libellés :
La Petite Fille aux allumettes,
Thérèse Raquin
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire