Il la croisa en face de l’hôpital.
Il ne la reconnut pas.
Elle posa sa main sur son bras, comme ça. Comme par inadvertance.
Il mit quelques instants à se souvenir d’elle. C’est sûr le visage de la jeune femme ne lui était pas étranger. Il n’eut pas à prononcer la moindre parole. Elle chuchota :
- Je suis l’interne… cet été… en août… vous avez déjà oublié ?
Lorsqu’il l’avait croisé pendant les huit jours de son hospitalisation, elle était en blouse blanche. Là, jean serré et corsage blanc. Belle queue de cheval en liberté dans son dos.
- Vous avez bonne mine, ça me fait plaisir de vous rencontrer.
Il murmura :
- Moi aussi.
Elle ajouta :
- Vous êtes très élégant (costume léger noir et chemise bleue)
- Vous aussi… vous êtes très élégante.
Elle éclata de rire et ajouta :
- Je suis venue voir Maman j’ai peur dans le noir.
Il n’osa l’interroger plus avant. Elle prit les devants :
- Vous êtes un peu fou vous…
Elle s’empressa d’ajouter :
- C’est un compliment, je vous assure.
Et lui ne sut quoi dire. Il se lança :
- C’est très bien Interne !
Il comprit immédiatement que son commentaire frisait l’indigence. Il crut bon d’ajouter :
- Enfin, interne comme vous.
Il réalisa qu’il s’enfonçait ! Et là, il prit tous les risques.
- Ce qu’on fait, c’est que je vous appelle si vous me donnez votre numéro de téléphone.
- Vous avez des choses à me dire ?
Et là, il était soudain en roue libre !
- Je crois.
Elle écrivit son numéro sur un bout de papier. Lui tendit.
- Voilà !
- Bon alors je vous appelle !
- D’accord !
Elle lui sourit, descendit la rue.
Il la regarda s’éloigner, contempla le numéro de téléphone et pensa que c’était fou qu’une interne aussi élégante lui donna sans discuter son numéro de téléphone. Du coup, il se trouva effectivement très élégant.
Aujourd’hui, journée plutôt chargée.
À midi, repas avec un homme politique (secret).
Déjeuner délicieux et la conversation n’avait pas de limite. Tout y passa. De Jospin à Kouchner, de nos enfants respectifs au musée des confluences. Tout quoi ! Pendant le repas j’ai passé un coup de téléphone extrêmement important pour le théâtre (rien à voir avec l’interne). Et ce coup de fil fut très positif. Mon interlocuteur au bout du fil après nous être beaucoup cherchés est devenu un ami. Je reste volontairement discret car la discrétion reste le meilleur des alliés.
Réunion avec les représentants du personnel au théâtre. Réunion constructive, très argumentée et équilibrée. Je cite le préambule « les conditions de travail et les rapports avec la hiérarchie sont devenus plus simples. Par voie de conséquence, chacun des membres de l’équipe a pu atteindre ses objectifs ou est en voie de le faire. »
Les revendications m’ont semblé raisonnables. J’ai eu l’occasion à maintes reprises de me réjouir de l’ambiance travailleuse qui régnait dans la maison.
Tout cela est basé sur un rapport de confiance et avec la confiance tout est possible.
Décision radicale.
J’ai changé mon bureau de place. Nouvelle orientation dans la pièce. Je me sens mieux. Plus de bouche d’aération au dessus de la tête et plus de néon assassin dans les yeux. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est une nouvelle vie qui commence. En tous cas, je suis mieux à ma place.
Je lis un article qui indique que la plupart des ministres sont au régime. Entrées : crudités, poisson systématique (plus de viande), fromage banni et dessert : sorbet.
L’article indique que c’est Sarkozy qui a initié cette « politique de la silhouette »
La silhouette est devenue un véhicule de communication politique selon le journaliste. Tout ça parce que le président est amoureux de Carla : longue silhouette fragile.
Eh oui, l’amour nous entraine sur des terrains mouvants. J’ai moi-même décollé. Ma silhouette s’est affinée. Fut une période où chacun s’inquiétait de me découvrir ainsi. Mais aujourd’hui les commentaires changent : voir l’exclamation de l’interne.
Marre de l’affaire Clearstream. J’ai pris le mensonge en horreur, et Dieu sait que de ce côté là j’ai été bien servi !
Diable, quelle bande de menteurs…
Un comédien remarquable : Daniel Russo.
C’est décidé : ce week-end, je me mets au vert à partir de vendredi après-midi. Jusqu’à dimanche soir. Je vais reprendre des forces disons que je vais m’occuper de mes globules rouges (cf. Maman j’ai peur dans le noir) puisque décidément ils sont le sang de la vie.
Philippe Faure
mercredi 7 octobre 2009
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