jeudi 1 octobre 2009

De l’émerveillement à la dignité…

Vu deux films.
Le bal des Actrices, de Maïwenn avec justement plein d’actrices dedans (Romane Bohringer, Julie Depardieu, Mélanie Doutey, Karine Viard, Charlotte Rampling…)
Drôle de film. Un peu maladroit, un peu bancal, parfois à côté de la plaque, parfois en plein dans le mille. Les femmes ne sont pas des actrices comme les autres… pourrait-on dire ! Souvent lucides (trop ?) elles savent pourtant qu’elles doivent plaire, séduire. Au fond, elles ont un mal fou à trouver leur place. Ce qui les rend parfois imbuvables, parfois désarmantes. En tous cas, la sérénité n’est pas un état qu’elles ont l’air de beaucoup fréquenter. Le film est tout cela et Maïwenn une drôle de trentenaire. Pas froid aux yeux la fille. Elle est belle sans être belle. Elle est une femme audacieuse, avec une volonté de fer.

Vu L’Etrange histoire de Benjamin Button. Scénario génial, mais bon, on s’endort un peu dans la seconde partie du film. Brad Pitt est à l’aise dans un rôle hors-norme et Cate Blanchett… Une femme qu’on aimerait bien qu’elle nous prenne dans ses bras.

Richard Brunel a été nommé directeur du centre Dramatique National de Valence. Très bonne nouvelle ! Nous l’avons accueilli lors de la première saison de La Croix-Rousse et nous l’accueillerons à nouveau en mai 2010.
Dire que nos rapports furent toujours simples serait exagéré. Cela dit, j’ai toujours reconnu son sens du théâtre et je me réjouis qu’il prenne la direction d’une maison. J’aurais tendance à dire qu’il le mérite, même si la notion de mérite est un peu dépassée aujourd’hui. Bon vent donc au camarade Brunel.

Les journaux sont pleins de l’affaire Polanski (comme on dit). Sujet compliqué. Il y a l’artiste et le citoyen. L’artiste est magnifique. Le citoyen a été condamné pour viol sur une enfant de 13 ans il y a trente ans. Il s’est enfui des Etats-Unis et donc a fui la justice de son pays. Certes, depuis, la victime a pardonné. Alors ? Alors la justice ne doit-elle pas être la même pour tout le monde ? Ou bien l’artiste jouit-il d’une impunité définitive ? Je pense à ma fille qui va vers ses onze ans. Comment réagirais-je si c’était elle qui avait été violée ? En père ? En chrétien ? En artiste ? En citoyen ?

Autre affaire : France Télécom.
Il est absolument incroyable que le patron Didier Lombard dont 24 de ses salariés se sont suicidés n’ait pas donné (ou proposé) sa démission.
A-t-on à ce point perdu le sens des responsabilités ? On m’a toujours appris qu’il fallait assumer le mal que l’on fait aux autres. La moindre des choses n’est-elle pas d’admettre son incompétence ? 24 suicides tout de même, ce n’est pas rien. 24 familles détruites. Des enfants orphelins. Des conjoints démolis. Et même pas de regrets. Il parle d’une « mode du suicide » tout en s’excusant après. Pour simplifier on va dire que c’est un gros con. Et pour reprendre la génial réplique d’Audiard : « les cons, ça ose tout, c’est à ça qu’on les reconnaît. »

Pour rire : polémique entre Michel Drucker qui recevait dans son émission à la radio Marc-Olivier Fogiel. La polémique porte sur le ton agressif des questions de Michel Drucker posées à Fogiel, genre sur la sexualité de Fogiel.
Michel Drucker : « Alors Marc : casé ou pas casé ? Garçon ou fille ? À quand la photo de votre femme avec un bébé dans un landeau ? »
À propos du livre de Fogiel : À mon tour d’être sur le grill. Michel Drucker : « Il a été réglé à 2 le grill. Vous ne risquiez pas de vous brûler. »
Décidément la télévision a les animateurs qu’elle mérite. Peut-être que nous, on mérite autre chose.

Ce matin le boulevard de la Croix-Rousse est ensoleillé. Je ne peux m’empêcher de m’asseoir sur un banc et de contempler cette lumière si transparente. De l’autre côté, il y a le marché. C’est un paysage en mouvement où respire le goût de vivre. Cela m’émerveille. Je repense à l’après-midi d’hier où exceptionnellement nous avons tenu notre réunion d’équipe à l’heure du goûter. Ce fut une réunion absolument débridée. Dire que nous avons été efficaces serait très exagéré. Une humeur régnait, fantaisiste, plaisante, un peu absurde. Comme une tendresse amusée et ondoyante. C’est que la vie y était bondissante. (Rien à voir avec le management de Didier Lombard à France Télécom !!!)
Ces deux dernières années me furent une épreuve quasi assassine. Aucune colère, aucun ressentiment ne s’est emparé de moi. J’assume pleinement le fait que d’être amoureux vous démunit et que par la force des choses tous les coups font mal. Et Dieu sait que les coups, il y en eut !!! Mon émerveillement ce matin est peut-être venu de là. J’ai été heureux d’aimer même si cela m’a conduit le plus souvent au malheur. Il faut savoir à la fin être digne quelles qu’en soient les conséquences.

Ce soir reprise de Raquin.
Hier générale magnifique. Marc Voisin et Anne Comte rendent leurs corps si disponibles que tous les frémissements et les vertiges de la possession amoureuse y vibrent d’une manière incandescente. Merci à eux.
Florence Muller reprend le rôle de Claire Cathy. Celui de Madame Raquin. Avant d’être une belle comédienne, voilà une femme sensuelle, drôle, fidèle et tendre. Bonheur de la retrouver dans La Petite fille aux allumettes et dans Le Malade imaginaire.

Samedi mon fils sort son nouveau CD. Son groupe s’appelle le Baron Perché. Il écrit les textes et est le chanteur. Soirée mémorable. Ces temps-ci nous nous parlons beaucoup, nous nous sommes beaucoup rapprochés l’un de l’autre. Je suis très fier de ce qu’il est. Ses sœurs l’adorent et c’est très beau ce trio recomposé. Quand je suis au milieu d’eux, je me dis que j’ai de la chance. Marie, avec son mètre 67 et ses 10 ans et demi, file vers l’adolescence et est amoureuse tous les matins d’un nouveau garçon. Marline et ses 8 ans et demi ne cesse de danser dans sa chambre, en se mettant inlassablement les mêmes CD. Damien est amoureux de Sophie, et Sophie est amoureuse de Damien. Ils essayent de se composer (recomposer) un avenir. Elle a trois enfants. Elle est mignonne et gaie. Ils sont venus me voir à l’hôpital en août, deux jours après mon opération. On s’est assis au bout du couloir. Près de la fenêtre. C’était doux et tendre.

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