dimanche 13 décembre 2009

Aimons Myriam Boyer

Le public du Théâtre de la Croix-Rousse rencontre Myriam Boyer (clip) from Garage Productions on Vimeo.


À 11 heures du matin ce dimanche, brunch (conférence de presse) autour de Myriam Boyer dans le hall du théâtre. Beaucoup de monde (qui n'a pas cédé à la tentation de la couette). Des journalistes, photographes, télévisions, relais, amis… et une grande partie de l'équipe du théâtre (une petite centaine de personnes!!!). Moment de grâce.

Elle est là Myriam, rayonnante et heureuse. Ses premiers pas sur une vraie scène furent sur notre scène du Théâtre de la Croix-Rousse. Elle avait 17 ans. C'était dans les années 1965/1966. Sa mère était handicapée, son père sans travail et alcoolique. Et ce petit bout de femme nous raconte sa vie, toujours héroïque, jamais facile, en même temps d'une fidélité absolue à tous ceux qu'elle a croisé. Et qu'ils soient célèbres ou inconnus, elle en a croisé des gens.

Elle nous parle de Sautet, Vincent, François, Paul et les autres, de Corneau, Série noire avec Patrick Dewaere, de Chéreau, de Blier, de Gisèle Tavet (aujourd'hui oubliée) de Roger Cornillac (le père de Clovis), de John Berry, de son goût pour le petit peuple, celui qui n'a jamais droit à la parole. Tout ce qu'elle a gagné elle l'a réinvesti dans des films (Le Voyage à Paimpol) dans des pièces de théâtre.

Elle a toujours tout perdu. Elle s'est ruinée à défendre des œuvres qui parlaient d'humanité. Encore Gary, Jean Seberg, Montand, Piccoli, Reggiani, etc. Et pourtant, elle est là vibrante, modeste, chaleureuse. Toutes les personnes présentes sont sous le charme. Elle est d'une dignité et d'une délicatesse inouïes. Elle ne s'en prend jamais aux autres. Elle assume ce qu'elle est avec la tendresse de ceux qui au départ avaient tout contre eux.

Elle nous parle de son fils célèbre avec une fierté toute simple, de son autre fils metteur en scène, directeur de compagnie, moins célèbre, avec le même enthousiasme.

J'ai été profondément heureux de dialoguer avec elle, de l'interroger, de la découvrir. Toute entière tournée vers les autres, vers une sorte de rigueur morale. Je me suis dit que c'était une chance qu'elle soit dans nos murs jusqu'au 3 janvier.

Elle avoue son âge : 61 ans. Et pourtant elle a l'énergie d'une jeune fille de 20 ans. Elle aime la vie et elle nous donne envie de prendre nous aussi la vie à bras le corps. Sacrée bonne femme ! (pour reprendre un titre de Chabrol).

Quant au spectacle La Vie devant soi, c'est un formidable moment de théâtre. Les trois comédiens qui l'entourent sont épatants. Elle est poignante, drôle, impressionnante, totalement investie dans le rôle de Madame Rosa. L'émotion est toujours là (j'ai pleuré à la fin, je l'avoue). Le texte de Romain Gary est gourmand, percutant, d'une innocence maline. Et puis en ces temps de débat sur l'identité nationale, quelle leçon de tolérance de fraternité. Génial.

Enfin, cette réplique (parmi les centaines d'autres qui percutent) " Les choses et les gens sont sans valeur. Sauf s'ils sont aimés! " Dieu que c'est vrai. Et le spectacle finit sur ces mots "Aimons."
J'ai envie de dire : "putain, je fais que ça que d'aimer"…
Merci Myriam Boyer d'être ce que tu es.

Les deux représentations de ce dimanche à 15h et 20h étaient pleines à craquer, ce fut un triomphe à chaque fois. Ça promet pour la suite !

Philippe Faure

1 commentaire:

Béa a dit…

Moment d'émotion partagé avec Myriam Boyer ce matin. L'impression de rencontrer une cousine que j'aurais oubliée. L'envie de la serrer dans les bras, comme ça, simplement, en lui disant : merci d'être venue, merci d'exister. Simplement.
Béa C