La vie privée est intimement liée au travail. C'est sans doute le sens de ce journal intime.
J'anime ce théâtre avec ce que je suis, avec ce que je vis, avec les chagrins, les joies, les solitudes, les emballements, parfois les tendresses et les déceptions qui font la vie. C'est que je suis par la force des choses au cœur d'un mouvement général. Il y a l'équipe autour de moi, les artistes, le public, les médias, les complicités extérieures, les autorités nécessaires, enfin tous ceux qui pour une raison ou une autre ont à faire avec notre théâtre. Et ça fait un monde fou. Et au fond, tous et chacun ont besoin de savoir que celui qui crée le mouvement est totalement sincère, engagé, et digne de confiance.
Ce journal intime est un garde-fou. Il m'oblige à chaque fois à faire preuve de vérité. Il dit à peu près tout des efforts inouïs que je dois accomplir pour relever le défi. Et le défi, c'est d'être toujours ouvert aux autres, généreux, de ne pas être dupe de ses propres limites, de ne pas avoir peur d'assumer ni ses réussites, ni ses échecs.
Il faut être à nu.
Lorsque je raconte les désillusions (cruelles) d'une relation amoureuse, ce n'est pas de l'impudeur, c'est que l'état de fragilité où je suis raconte à sa manière le théâtre. Les ennuis de santé dont il m'est arrivé de parler disent à leur manière l'éphémère du théâtre. Dire l'intime pour dire la peur de ne pas être suffisamment délicat. Ce journal intime m'aide à ne pas oublier que la délicatesse approche au près la nature humaine. Il n'y a pas de vérité sans délicatesse. Car au fond, dans la vie, comme dans le théâtre, il n'y a pas de vraie vérité. Il n'y a que des tentatives pour être un tant soit peu exemplaire. Et ces tentatives sont tout le sens de nos vies.
C'est ce que j'exprime dans ce journal intime (vilainement rebaptisé blog), je tente en permanence d'être au service des autres. Pas pour satisfaire leur insatisfaction, non, pour les emmener vers la légèreté. Et la légèreté, c'est le refus du mensonge, de la trahison, de la colère, du mépris, de la suffisance. C'est admettre que nos vies n'ont de sens que si elles s'élancent vers un désir de partage. Comme on s'élancerait dans le vide. Sauf que dans ces conditions, on ne s'écrase pas sur le sol. Non, on vole. Les ailes nous poussent. C'est qu'on s'est délesté de tous nos petits égoïsmes.
Ce journal intime, c'est donc pour que des ailes me poussent dans le dos. À vérifier.
Philippe Faure
vendredi 4 décembre 2009
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